DROITS DE DOUANE : QUELLES CONSÉQUENCES POUR LA FILIERE DES AGROÉQUIPEMENTS ?

Publié le 17 avril 2025

Droits de douane : quelles conséquences pour la filière des agroéquipements ?

L’actualité douanière internationale connaît d'importants rebondissements, marquée par la mise en place de politiques protectionnistes aux États-Unis. Entre relèvement des droits sur l’acier, l’aluminium, les pièces mécaniques et les composants automobiles, application de tarifs généraux sur les importations, et menaces de mesures de rétorsion, les équilibres commerciaux sont profondément remis en cause.

Un tournant protectionniste majeur outre-Atlantique

Depuis le début du mois d'avril 2025, les États-Unis ont engagé un changement radical de cap en matière de politique commerciale. Leur objectif est double : réindustrialiser le pays et réduire leur déficit commercial, en ralentissant les importations. Pour ce faire, ils mettent en œuvre une batterie de mesures douanières à fort impact. 

Une montée en puissance des barrières tarrifaires

Trois mesures phares viennent structurer ce durcissement : 

  • Les nouveaux droits de douane s'ajoutent aux existants : + 25 % sur les produits en acier, en aluminium et sur les pièces métalliques dérivées, officialisé par les proclamations présidentielles de février et mars 2025.
  • Un Executive Order du 2 avril 2025 : un tarif de + 20 % pour les produits européens s'ajoute aux taux conventionnels. Certaines filières, comme le bois, l'énergie ou les produits pharmaceutiques en sont exemptées. 
  • Une modulation des droits en fonction du contenu américain des produits importés, ce qui complexifie les formalités douanières pour les entreprises exportatrices.

Des impacts concrets pour la filière des agroéquipements française

Pour les industriels français exportant vers les États-Unis, ces nouvelles règles représentent un alourdissement significatif des coûts d'accès au marché américain, notamment pour les machines intégrant des composants métalliques. Deux cas se présentent : 

  • Si le produit exporté est classé sous les chapitres 73 ou 76 (fer, acier, aluminium), le droit de 25 % s'applique à l'ensemble de la valeur du produit
  • Si'il s'agit d'un équipement final intégrant ces matérieux mais relevant d'autres chapitres, le droit s'applique uniquement sur la valeur de l'acier ou de l'aluminum utilisés, à condition de bien les déclarer. 
  • Pour qu'un produit ne soit pas totalement soumis aux droits de douane, au moins 20 % de la valeur totale du produit doit provenir des États-Unis. 

Suspension temporaire, mais incertitudes persistantes

Le 9 avril 2025, le président Donald Trump a annoncé une suspension de 90 jours des nouveaux droits de douane prévus pour la plupart des partenaires commerciaux des États-Unis, à l'exception de la Chine

  • Les droits de 20 % sur les importations européennes, initialement applicables dès le 9 avril, sont suspendus jusqu'en juillet. 
  • En revanche, les droits de douane sur les produits chinois sont portés à 125 %

Dans ce contexte, l'Union européenne a annoncé le 10 avril la suspension temporaire de ses contre-mesures, initialement prévues pour entrer en vigueur dès le 15 avril. Selon la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, cette suspension de 90 jours vise à favoriser une désescalade : "Nous voulons donner une chance aux négociations. Bien que l'adoption des contre-mesures de l'UE ait bénéficié d'un fort soutient de nos États membres, nous les mettrons en attente pendant 90 jours".

Risques persistants pour la filière : vigilance sur les chaînes d'approvisionnement

Malgré cette suspension temporaire, plusieurs effets collatéraux sont à surveiller pour les industriels du secteur : 

  • Un risque de détournement de flux commerciaux, avec une possible arrivée en Europe de produits initialement destinés au marché américain (notamment asiatiques), susceptibles de fragiliser la production locale. 
  • Une perturbation des chaînes d'approvisionnement pour les composants et sous-ensemble importés, déjà sous tension. 
  • Une hausse structurelle des coûts de production pour les entreprises soumises à des droits sur certaines matières premières ou pièces. 

Axema en soutien actif de la filière

Face à ces bouleversements, Axema se mobilise pour accompagner ses adhérents : 

  • Vieille permanente sur les évolutions réglementaires et douanières internationales ; 
  • Coordination avec la FIM pour porter les demandes de sauvegarde auprès des pouvoirs publics français et européens ; 
  • Diffusion d'informations pratiques sur l'évolution des droits de douane et leurs implications ; 

👉 Vous êtes concerné(e) ? Vous avez constaté des impacts directs sur vos approvisionnements ou vos ventes ?
N’hésitez pas à contacter l’équipe internationale d’Axema pour faire remonter vos problématiques : Ikram Abdouttalib - Responsable études et statistiques i.abdouttalib@axema.fr