LE TOUR DE FRANCE AXEMA EN VISITE CHEZ NOREMAT

Publié le 4 août 2025

Dans le cadre du Tour de France Axema, l’étape Grand Est a fait une halte chez Noremat, à Ludres, entreprise familiale emblématique de la filière du machinisme et des espaces verts. Une journée riche en échanges, placée sous le signe de l’innovation, de la durabilité et de l’attractivité des métiers.

Une industrie familiale tournée vers l’innovation

Au cœur de la Lorraine, à Ludres, Noremat incarne une certaine idée de l’industrie française : enracinée, innovante, utile. Fondée en 1981 par Jacques Bachmann, Noremat a su évoluer d’un service de maintenance pour les machines d’entretien routier à une entreprise industrielle complète, aujourd’hui dirigée par son fils, Christophe Bachmann. Noremat conçoit et commercialise des solutions pour trois grands domaines : la maintenance des accotements routiers, l’entretien paysager et la valorisation des déchets verts.Reconnue pour son savoir-faire et sa capacité d’innovation, Noremat emploie près de 300 collaborateurs et a réalisé un chiffre d’affaires de 85 millions d’euros en 2023. 

C'est quoi un accotement ?

Longtemps invisible dans le paysage routier, l’accotement est ce bandeau latéral de terre, d’herbe ou de gravier qui borde nos routes. Indispensable pour la sécurité (zone de refuge, visibilité), il l’est aussi pour la biodiversité. La gestion de ces linéaires, parfois de plusieurs milliers de kilomètres pour une collectivité, est un véritable enjeu environnemental, logistique et budgétaire.

C’est précisément là que Noremat intervient : elle fournit aux professionnels de la voirie, aux services techniques et aux entreprises sous-traitantes des équipements adaptés, robustes et modulaires. Faucheuses-débroussailleuses, épareuses, véhicules spécialisés, broyeurs, machines de désherbage mécanique ou encore robots radiocommandés… chaque machine est pensée pour conjuguer efficacité, sécurité et respect de l’environnement.

Lors de l’étape Grand Est du Tour de France Axema, les participants ont découvert un site industriel intégré avec 10 agences régionales et un réseau d’importateurs exclusifs à l’international.

L’entreprise s’est également distinguée par son engagement dans la Convention des Entreprises pour le Climat, et par sa volonté d’offrir des solutions non chimiques pour l’entretien des accotements. Cette vision, c'est celle du « bon sens paysan », entre sobriété, ingéniosité et innovation.

Valoriser la biomasse : un axe stratégique pour Noremat

Noremat place au cœur de sa démarche la valorisation de la biomasse, c'est à dire les déchets verts, issus par exemple des accotements fauchés ou des branches broyées. Ces résidus, souvent considérés comme contraignants, sont en fait une ressource à part entière que l'entreprise cherche à valoriser. À travers des machines de collecte, de broyage, de séparation et de conditionnement, l’entreprise permet de transformer cette biomasse en paillage, compost ou combustible , dans une logique d’économie circulaire.

Ce volet, trop souvent négligé dans la gestion des espaces publics, incarne parfaitement la vision de l’entreprise : innover et offrir aux collectivités comme aux exploitants des solutions globales, durables et concrètes.

🎙️ Pour aller plus loin, retrouvez l’interview d’Olivier Abgrall, Directeur général de Noremat, qui revient sur l’histoire de l’entreprise, ses singularités, son engagement écologique, sa vision à 10 ans et les raisons de son attachement à Axema.


Une journée d’échanges entre industriels et décideurs publiques

La journée a débuté par un temps d’analyse macroéconomique du marché agricole et de l'ensemble de la filière animé par David Targy, directeur des affaires économiques d’Axema. Il a mis en lumière une conjoncture tendue pour la filière des agroéquipements : ralentissement de la croissance mondiale (au plus bas depuis 2009), stagnation des investissements, recul du marché français des agroéquipements de -21 % sur le 1er quadrimestre 2025, et immatriculations de matériel neuf en baisse de 16 %.

Malgré ce contexte, des signaux positifs émergent : la demande en provenance des collectivités reste stable, les prix des matières premières sont sous contrôle, et la baisse des coûts énergétiques offre un peu de respiration aux industriels. En parallèle, la filière doit s’adapter à des transitions profondes : transition écologique, le manque de mains d'œuvre ou encore les enjeux autours de la data et du numérique.

Former pour recruter, recruter pour produire

La matinée s’est poursuivie avec l’intervention de Stéphanie Kis, présidente de la commission Formation professionnelle de la région Grand Est. Elle a dressé un constat clair : la tension sur les compétences devient structurelle, en particulier dans l’industrie, la mécanique, la maintenance et la métallurgie. Dans ces secteurs, les entreprises ont des postes non pourvus depuis des mois, parfois malgré des formations locales existantes. Elle a appelé à un changement de paradigme dans l’attractivité des métiers industriels : mieux faire connaître les parcours, valoriser les réussites, impliquer les entreprises dans les lycées professionnels. 

Stéphanie Kis a mis en avant les efforts de la collectivité pour répondre aux tensions sur les compétences dans les filières industrielles. À travers la plateforme Orient’Est, la région propose un accompagnement structuré pour aider les jeunes à découvrir les métiers en tension, notamment ceux de la mécanique, de la maintenance ou de la métallurgie. Ce portail s’appuie sur un réseau d’ambassadeurs métiers et des outils pédagogiques interactifs pour créer des vocations dès le collège. En complément, la Région soutient financièrement des projets territoriaux de découverte des métiers, en lien avec les branches professionnelles, les CFA ou les entreprises, via des appels à projets spécifiques.

Francis Lacroix, délégué d’Aprodema, a également rappelé le rôle essentiel de notre association dans la promotion des métiers de l’agroéquipement. Aprodema développe depuis des années des outils pédagogiques, anime des interventions en classe et forme les enseignants pour mieux faire connaître notre filière. Sa présence souligne l’importance d’un effort collectif, et appelle à aller plus loin. Il est aujourd’hui crucial de faciliter l’accueil des jeunes en stage, y compris dès la 4e ou la 3e, pour permettre une première immersion dans les ateliers et montrer, concrètement, la richesse des parcours proposés par nos entreprises.


Comprendre le Data Act

L’après-midi a été marqué par une séquence attendue sur le Data Act européen, animée par Anaël Bibard, président de FarmLeap, une start-up française spécialisée dans l’agrégation et l’analyse de données agricoles. Acteur de référence en matière de transformation numérique du monde agricole, FarmLeap pousse pour un usage plus ouvert, partagé et utile des données issues des exploitations et des machines. Anaël Bibard a rappelé que le Data Act, qui entrera en vigueur dès le 12 septembre 2025, représente un tournant pour tous les fabricants de matériels agricoles connectés : tracteurs, moissonneuses, épareuses, capteurs ou plateformes de services. Ce règlement impose de nouvelles règles d’accès, de partage et de transparence sur les données générées par les machines, en élargissant les obligations bien au-delà du RGPD, notamment pour les données non personnelles (performance, usage, environnement).

Pour les industriels de l’agroéquipement, cette évolution est à la fois une contrainte et une opportunité. Elle appelle à revoir la conception des produits, à repenser les modèles économiques (maintenance prédictive, services numériques), à renforcer la protection des secrets industriels, mais aussi à former les équipes internes (R&D, juridique, informatique, commercial). Comme l’a souligné le représentant de FarmLeap, ceux qui sauront anticiper ces transformations seront mieux placés pour développer de nouveaux services, renforcer la confiance client et innover plus vite. C’est donc un enjeu stratégique qui exige une mobilisation collective de la filière.