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Point de conjoncture Juin 2022

Publié le 9 mai 2023

POINT DE CONJONCTURE 2022

DU MARCHE DES AGROEQUIPEMENTS

Après une année 2021 record, le début de 2022 est très nuancé :

1. Les ventes en valeur sont toujours en hausse, mais cette croissance s’explique principalement voire exclusivement par l’inflation des prix des agroéquipements :

  • La production est en hausse de 6% au 1er trimestre, avec un ralentissement perceptible de mois en mois (+10 en janvier, +6 en fĂ©vrier, +4 en mars) ;
  • Les importations progressent de +12,5% ;
  • Enfin les exportations sont en lĂ©gère croissance +3%, avec des belles progressions en Pologne et au grand export, mais des baisses vers l’Allemagne et l’Italie. A noter que la France a continuĂ© d’exporter en Russie et en Ukraine, mais pour des montants qui ont Ă©tĂ© rĂ©duits de moitiĂ© ;
  • Tout cela nous donne un marchĂ© Ă  +13% au premier trimestre

2. En volume, la situation est contrastée selon les familles de produits, avec certaines en-core en croissance et d’autres en recul par rapport à l’année passée. C’est un vrai changement par rapport à l’année dernière où toutes les familles étaient en croissance.

  • Le premier trimestre a Ă©tĂ© bon dans le matĂ©riel de rĂ©colte, les tracteurs et la protection des cultures ;
  • Mais il a Ă©tĂ© mauvais pour les chargeurs tĂ©lescopiques ou le matĂ©riel de fenaison ;
  • Derrières ces chiffres on sent des situations très contrastĂ©es selon les OTEX. Une conjoncture qui est bonne en grandes cultures et en viticulture, mais qui est dĂ©gradĂ©e, voire très dĂ©gradĂ©e pour le reste.

3. Le marché est incontestablement moins porteur que l’année dernière, il a connu un vrai coup de frein en mars. Il y a dans l’air des signes d’un changement de climat des affaires.

  • Un exemple : France Agrimer nous a appris la semaine passĂ©e que seulement 60% du plan de relance sur la modernisation des agroĂ©quipements et la rĂ©duction des intrants, dotĂ© de 205 m€, avaient Ă©tĂ© effectivement dĂ©caissĂ©s, alors que les engagements portaient sur 100% de l’enveloppe. On subodore Ă  ce stade que des projets d’investissements ont Ă©tĂ© abandonnĂ©s ;
  • Il y a aussi le baromètre d’Entraid qui montre que les intentions d’investissements dans les CUMA et les exploitations agricoles sont au plus bas depuis 2016 ;
  • Tout cela annonce une fin d’annĂ©e indĂ©cise et obscurcit les perspectives de 2023.

4. Nos entreprises sont très inquiètes quant à l’évolution de leurs marges. 70% constatent une dégradation de leurs résultats en ce début d’année.

  • En cause, l’augmentation du prix des matières premières, notamment de l’acier, de l’inox et de l’aluminium dont les prix ont plus que doublĂ© depuis 2019-2020. MĂŞme si les cours s’apaisent depuis quelques semaines, nous restons Ă  des prix très haut pour l’acier et surtout pour l’inox ;
  • Les coĂ»ts de production ont pris environ 20% en un an. Tous les acteurs ne sont pas en mesure de rĂ©percuter de telles hausses Ă  leurs clients ;
  • En plus, parmi les PME, rares sont celles qui jouent la clause d’imprĂ©vision et modifient leurs prix de vente avant la livraison, alors que c’est une pratique Ă  laquelle ils sont souvent confrontĂ©s via leurs fournisseurs. Ces entreprises subissent actuellement un effet ciseau sur leurs marges ;
  • Après la flambĂ©e du prix des matières premières, ce sont les salaires qui vont venir impacter les coĂ»ts de production dans les prochains mois. Les revalorisations de salaires sont autour de 3,5% en France, (NAO), mais plus fortes encore dans le reste de l’Europe et notamment dans le premier pays de fabrication des matĂ©riels : l’Allemagne, oĂą l’IG Metall rĂ©clame +8,2% ;
  • Au final, l’augmentation des prix (entre 20% et 30% depuis le 1er janvier 2021) pose la question de l’acceptabilitĂ© de prix aussi Ă©levĂ©s. Pour certains matĂ©riels, des seuils psychologiques de prix ont Ă©tĂ© franchis.

5. Enfin notre profession est confrontée à de réelles difficultés d’approvisionnement, qui se traduisent par des allongements de délais de livraison, qui eux-mêmes pèsent sur la trésorerie des entreprises

  • Les difficultĂ©s d’approvisionnement sont plus fortes que jamais. La politique 0 covid de la Chine a accentuĂ© les difficultĂ©s Ă  obtenir les matières et les composants nĂ©cessaires Ă  la production ;
  • Près de la moitiĂ© de nos adhĂ©rents ont dĂ» arrĂŞter leur production au moins une fois au cours du mois de mars ;
  • Les dĂ©lais de livraison ont Ă©tĂ© augmentĂ© en moyenne de 11 semaines par rapport Ă  la situation normale, et culminent Ă  19 semaines / 30 semaines pour les tracteurs ;
  • Cela a provoquĂ© des annulations de commandes, parfois et mĂŞme souvent Ă  l’initiative du fabricant, pas en mesure de livrer Ă  temps ;
  • La trĂ©sorerie des entreprises est mise Ă  mal entre rĂ©duction des marges et allongement des dĂ©lais de livraison. Crainte d’une vague de dĂ©faillance dans notre secteur.

Conclusion

Le marché devrait croître + 5 à +15% en 2022. Cette croissance s'expliquera uniquement par la hausse des prix, car nous anticipons au mieux une stabilité des volumes vendus sur l'ensemble de l'année. Habituellement croissance signifie hausse des marges et des résultats. Ce ne sera pas le cas en 2022. Une année que l'on prévoit très compliquée sur ce plan. A ce stade, les prévisions pour 2023 sont impossibles. Toutefois, nous nous attendons à un retournement de tendance sur un marché qui est traditionnellement cyclique.

Présentation de la conférence de presse - Rapport Eco + Point de conjoncture